Quand on parle d’intelligence artificielle, notre esprit peut rapidement se perdre entre fascination et méfiance. En effet, difficile de savoir exactement quoi penser de ces nouvelles méthodes développées dans le but de créer une nouvelle forme d’intelligence. Alors que certains estiment que l’intelligence artificielle pourrait menacer de nombreux emplois actuels, d’autres sont persuadés que celle-ci aura un impact particulièrement bénéfique sur le marché du travail. Pour Lee Kai-Fu, président de l’institut Sinovation Ventures Artificial Intelligence, nous « nous apprêtons à vivre la transition la plus rapide que l’humanité n’ait jamais connue, et nous ne sommes pas prêts pour cela. »
Pour qu’une intelligence artificielle voie le jour, elle doit suivre un certain nombre d’étapes dans sa construction. Autant de phases que de nouveaux métiers encore inexistants, ou alors très récemment apparus, qui seront extrêmement demandés dans les années à venir. Présentation de ces différents métiers de demain, qui interviennent dans le processus de création des IA.
Psydesigner, pour penser l’architecture de l’IA
Pour commencer le processus de construction d’une IA, un psydesigner doit déterminer l’architecture de l’intelligence artificielle.
Si vous les avez déjà utilisés, Alexa et Siri ont tous les deux une personnalité dans votre imaginaire, n’est-ce pas ? Ce n’est certainement pas le fruit du hasard, mais celui du travail d’un psydesigner. En effet, c’est à lui qu’on fait appel pour bâtir et perfectionner l’image que ces assistants vocaux doivent renvoyer aux utilisateurs. Dans un avenir proche, les outils comme Alexa et Siri ne seront plus les seuls agents d’IA avec qui nous interagirons au quotidien. C’est indéniable : les intelligences artificielles vont être amenées à se segmenter pour se spécialiser dans des domaines précis.
Le psydesigner aura alors un rôle important à jouer car c’est lui qui définit l’architecture de l’IA et l’algorithme qui la compose. Il est en quelque sorte l’ergonome de l’intelligence artificielle. Il doit apporter une base à l’IA pour la rendre pertinente et intelligible par le client. Pour devenir psydesigner, vous devrez nécessairement avoir des notions solides de psychologie ainsi que de solides connaissances en nouvelles technologies et en langage informatique, bref les algorithmes ne doivent avoir aucun secret pour vous.
L’egoteller, scénariste de la personnalité
L’egoteller a pour mission de façonner la personnalité de l’intelligence artificielle et de la rendre la plus “humaine” possible.
Comme un metteur en scène donne vie à un scénario, l’egoteller est le scénariste de la personnalité d’une intelligence artificielle. En binôme avec un psydesigner, ce métier consiste à modéliser le profil d’une IA en lui apportant un champ lexical précis, un comportement, une tonalité dans la voix, une posture… En réalité, son objectif est de réussir à créer de l’émotion chez une machine. Ce n’est pas une tâche aisée. Dans une perspective de proximité maximale, l’egoteller tente de mettre toutes les chances du côté de l’intelligence artificielle pour créer une relation de confiance avec un humain.
Grâce à lui, le profil d’intelligence artificielle imaginé par le psydesigner prend vie à travers des émotions précises qui reflètent sa “personnalité” virtuelle. À l’instar du concepteur rédacteur, l’egoteller doit être un véritable marketeur : capable de se placer dans une posture empathique et imaginer les attentes des futurs utilisateurs. La créativité et l’imagination sont deux qualités indispensables pour ce métier.
Ethicien des intelligences, la caution éthique
Une fois que les psydesigner et egoteller ont créé les bases de l’intelligence artificielle, il faut s’assurer que celle-ci réponde aux critères éthiques de notre société. Pour cela, une entreprise peut faire appel à un éthicien des intelligences.
Comme vous le savez certainement, l’intelligence artificielle soulève de nombreuses questions éthiques. Par exemple, selon des rapports de Defense One et du New York Times de 2018, Google cherchait à mettre en place un cadre éthique chargé d’orienter le développement d’une intelligence artificielle militaire. Plusieurs éthiciens des intelligences étaient alors amenés à travailler sur ce projet particulièrement sensible.
Dans les années à venir, nous allons produire de l’intelligence artificielle en grande quantité. Demain, nous viverons au milieu de diverses formes d’intelligence. Le développement de l’intelligence artificielle pousse à repenser la place de l’Homme sur Terre et à imaginer celle des machines. Celles-ci doivent-elles acquérir des droits ? À quel point pouvons-nous faire confiance aux intelligences artificielles ? Faut-il faire fusionner notre cerveau avec des puces d’IA comme le suggère Elon Musk avec son projet Neuralink ?
Toutes ces problématiques seront au cœur du métier de l’éthicien. Il aura un rôle particulièrement important au sein des grandes entreprises technologiques pour juger de l’éthique de telle ou telle action. En partenariat avec les équipes de direction et de marketing, il est le garde-fou de l’éthique d’une entreprise. Attention, il devra aussi absolument se former sur les nouvelles technologies et acquérir des compétences dans le domaine de l’IA pour mener à bien sa mission.
Entraineur d’IA : à la base de l’intelligence, l’apprentissage
Pour qu’une intelligence artificielle puisse être commercialisée, elle doit être autonome. C’est là que l’entraîneur d’IA entre en jeu.
Pour être performantes, les intelligences artificielles doivent absolument recevoir un entraînement. Elles apprennent à reconnaître certains objets, perfectionnent leur compréhension du langage humain, apprennent à identifier les différentes émotions… Une intelligence artificielle passe son temps à tenter d’améliorer ses compétences, mais elle ne peut pas le faire seule. C’est là que l’entraîneur d’IA intervient. Il a pour mission de nourrir les plateformes d’intelligence artificielle afin qu’elles deviennent autonomes. Pour cela, il doit leur fournir d’importants flux de données pour leur permettre de gagner en compétences.
Plusieurs entreprises sont spécialisées dans ce domaine, c’est notamment le cas d’OpenAI. Récemment l’entreprise annonçait qu’elle lançait Neural MMO, un environnement spécialement créé pour entraîner les “agents” d’IA dans un contexte de RPG (jeu vidéo de rôle). L’intelligence artificielle est en effet particulièrement utile dans le domaine des jeux vidéo, notamment pour améliorer le comportement des PNJ (personnages non-joueurs), que vous pouvez croiser dans PlayerUnknown’s Battlegrounds (PUBG) ou dans Fortnite. L’entraîneur d’IA va donc accompagner les machines dans leur processus d’apprentissage dans le but de les perfectionner. Pour devenir entraîneur d’IA, vous devrez connaître les différents langages informatiques et savoir les utiliser à la perfection.
Personal data broker, nos données valent de l’or
Au cœur de ce que l’on appelle le Big Data brûle le feu sacré de la donnée. Une fois l’intelligence artificielle arrivée dans nos maisons, le personal data brokeranalyse les données récoltées et se charge de les revendre aux entreprises intéressées. Ces fameuses données personnelles, dont on entend beaucoup parler depuis quelques années, sont devenues des éléments essentiels pour les entreprises et leur département marketing. Elles permettent de personnaliser des campagnes publicitaires et de cibler de manière extrêmement précise la ou les communautés choisies. Un véritable écosystème a déjà émergé et tout laisse à penser que nous n’en sommes qu’au début.
En réalité, le data broker est une sorte de courtier des données. Il est important de noter qu’il ne collecte pas directement la donnée du consommateur, il se “contente” de l’acheter aux grandes sociétés qui la collectent comme Facebook ou Google, pour la revendre ensuite aux entreprises intéressées. Le data broker récupère des donnés brutes et apporte sa valeur ajoutée en les traitant sous forme d’analyses issues d’un croisement des données.
Il fournit des rapports qui permettent à ses clients d’adapter leurs offres en utilisant les données récoltées. Devenir data broker nécessite d’avoir des bases solides dans le monde de la finance et des cryptomonnaies. En effet, ce métier est en quelque sorte une évolution de celui de trader. Une connaissance aiguisée du Big Data sera évidemment un plus.
Un rapport de Dell et de l’Institut pour le Futur estime que 85% des métiers de 2030 n’existent pas encore. Vous l’aurez compris, il est extrêmement difficile de se projeter, même dans un futur proche. Le développement extrêmement rapide des nouvelles technologies semble confirmer les résultats de cette étude. Une chose est quasiment certaine : l’intelligence artificielle a encore de beaux jours devant elle. Les jeunes qui voudront se spécialiser dans ce domaine d’activité auront probablement le choix dans leur futur métier.
source : www.welcometothejungle.com